Ashwiin Higuera - 29 Octobre 2023 

SONDAGE : Quel est votre ressenti sur la politique en ce moment ?

Sur L'Indépendant la parole est souvent donnée aux acteurs majeurs ou principaux concernés d'un sujet, mais qu'en est-il de l'opinion des citoyens ? Plusieurs citoyens ont répondu au sondage d'opinion, certains sous l'anonymat, d'autre non.

"En tension, beaucoup d’animosité entre les différents courants politiques, l’avènement de nouvelles théories du complot sur des événements distincts et un manque de confiance croissant en nos institutions."

- Dallas

"C'est une Mascarade. La mort de la politique, de la justice." 


- Houston (nom changé pour préserver l'anonymat)

Recontacté, Dallas nous confirme avoir cette sensation via les différents communiqués que l'on a pu apercevoir sur les médias. Lorsqu'il lui a été demandé quelles théories du complot il avait pu entendre, Dallas nous a cité celles entourant la reprise du Yellow Jack et plus récemment une théorie sur le tirage des juges de la dernière cour de justice, ainsi qu'un conflit entre eux entourant la décision. Tout cela sans aucune preuve tangible visible.

Pour Houston, ce n'est visiblement pas qu'une impression, c'est un ressenti réel au vu de la réponse donnée lors du sondage d'opinion.

Régie partage l'avis de Dallas sur le manque de confiance dans les institutions

"La politique est ce qu’elle est. On ne l’aime, on l’aime pas, on est d’accord ou pas. Pour moi, ce n’est pas la politique, au sens noble du terme en soit qui pose problème. C’est le climat de méfiance qu'il règne sur l’île. 

La peur, la suspicion sont maîtres mots. Avec les derniers rendus de justice, la presse devient frileuse (enfin pas toute, merci l’Indépendant !), la liberté d’expression s'étiole, les gens s’auto-censurent, les futurs candidats aux élections marchent sur des œufs, etc… 

J’ai l’impression que nos institutions sont sclérosées et qu'il est très difficile de les réformer de par les différents corporatismes, guerres de clocher et d'égo. Dans un système démocratique, la confiance du peuple envers ses institutions et envers la liberté d'expression est fondamentale. Sans cette confiance, la politique ne peut fonctionner comme elle le devrait. 

Les différents acteurs de la vie politique doivent s'efforcer de restaurer cette confiance en travaillant ensemble pour le bien de l'île, au-delà des intérêts personnels et partisans, afin de créer un environnement politique sain et démocratique."

-Régie

D'autres citoyens se questionnent, c'est le cas de Mary-Olga et Kelvyn-John. À L'Indépendant on aime les questions et surtout les réponses, c'est donc 

aux principaux concernés qu'elles ont été posées afin d'apporter des éléments de réponse aux citoyens.

"Pourquoi les membres d'un même parti politique (ASAP) se retrouvent à tous les postes de pouvoir, juge, juré, bourreau ? Ne devrait-il pas y avoir une limite au nombre de membres d'un parti pour éviter ce genre de groupe tentaculaire et disruptif ?" 

- Mary-Olga (nom changé pour préserver l'anonymat)

La question étant complexe, elle a été posée à tous les partis politiques de l'île afin de dégager une tendance et des éléments de réponse pour les 

citoyens qui se questionnent. La question a été légèrement reformulée comme suit : 

-"Ne devrait-il pas y avoir une limite au nombre de membres d'un parti pour limiter son influence ?"-

“Non. Les gens choisissent le parti qu’ils veulent suivre. Si une majorité de personnes veulent adhérer ou suivre un parti c’est leur choix. C’est plutôt aux autres partis de tenter de convaincre les personnes. Au pire ils créeraient juste un deuxième parti et ça ne règlerait pas le problème.”

-Bryan Blake-Henley, président du parti RSA 

"C'est une fausse bonne idée de limiter le nombre de personnes dans un parti ; cela ne modifiera pas l'influence. Chacun a le droit de se regrouper dans un parti où il sent que les idées portées sont les siennes. Si une forte influence est trop présente, il appartient à chacun de regarder les partis en place qui leur conviennent afin de les faire grandir, ou de se lancer dans la gestion d'un parti s'ils ne s'y retrouvent pas. Mais on ne pourra jamais empêcher qui que ce soit d'appartenir à un groupe ou d'avoir des idées, et il ne faut jamais que cela soit le cas !"

-Karl Droit, président du parti Progrès

“Je ne suis pas spécialement d’accord avec l’idée. On peut considérer que c’est une entreprise politique mais de là à mettre une limite...c’est difficile parce que ça reflète aussi sa popularité. S’il y a beaucoup de membres dans le parti c’est qu’il y a beaucoup de gens qui sont d’accord avec ce parti en général. Au-delà de cela, le fait de ne pas être membre d’un parti n’empêche pas d’être en accord avec leurs idées. Donc ça ne change rien au final, je ne pense pas qu’il y ait un réel intérêt à limiter cela. D’autant plus que dans la politique c’est difficile de trouver des gens qui s’engagent. On ne va pas faire un “turn-over” le temps que la personne soit prête. La politique c’est vivant, ça se discute tous les jours. Être membre ce n'est pas un emploi ni une fonction prise qui doit être respectée par des actions régulières, c'est un échange d'idées constant.. En fait chacun a son idée qu’il peut donner à tout moment mais ça peut lui arriver de n’avoir rien à dire. Dans ce cas, on ne peut pas virer les gens quand ils n'ont rien à dire pour les réinviter quand ils sont de nouveau actifs. C’est comme un grand forum de discussion un parti. Du moins c’est ma vision.”

-Neige Burn-Miara, présidente du parti BAT

“Sincèrement on y a réfléchi un petit peu à cette question. Pour nous, l’intérêt que ça aurait principalement ce serait potentiellement d'avoir une plus grosse diversité en termes de partis politiques. Car si un parti est “plein” ça nécessite soit de s'engager ailleurs soit de créer son propre parti. Mais la question est : ‘Peut-on empêcher les gens de s’investir en politique et peut-on les empêcher de rejoindre un parti qui a les valeurs qui leur correspondent ?’. Pour moi il n’y a pas d’intérêt de poser de limitation et c'est embêtant à ce niveau là. Je comprends l’idée de limiter l’influence mais je ne suis pas sûre que ce soit si pertinent que cela. Et il faut voir ce que ça enlève à côté, à savoir, la liberté aux gens de s’inscrire aux partis qui correspondent. Oui, on peut faire un autre parti mais si c’est pour faire un parti qui a les mêmes idées et valeurs, ce n'est pas intéressant. Puis en termes d’influence honnêtement ça ne change pas grand chose, il n'est pas nécessaire d'être membre d’un parti pour suivre ses idées.”

-Mila Johnson, présidente du parti MAAT

"Non, les idées politiques ne sont pas un choix et donc imposer une limite ne servirait strictement à rien et permettrait juste de cacher des faux membres. Il y aurait plus de partisans que de membres effectifs et donc ça n’aurait aucun intérêt."

-Nic Parnas, président du parti ASAP

"On a un parti bien ancré dans toutes les strates de la société et en face on a des micros partis qui se montent bien trop souvent de manière ponctuelle. Mais le dernier communiqué commun de 3 partis est un début vers une coalition. Après, sont-ils prêts à aller plus loin pour enfin être une vraie force d'opposition ?

- Kelvyn-John (nom changé pour préserver l'anonymat)

“Cela s’est déjà un peu produit, on l’a vu avec la liste Lapie-Neige qui était une liste commune MAAT et BAT. C’est une question qui commence à être abordée au sein des différents partis, du moins au sein du mien. Il faut avoir des discussions d’abord en interne pour voir les avis de chacun, puis avec les différents partis. Crée-t-on un parti commun, ou on garde chacun ses partis ? Si ça se fait, ça ne se fera pas en un claquement de doigts. C’est vrai qu’aujourd’hui on l’a vu avec la mairie sud la liste progrès et la liste BAT ont des avis en commun, maintenant ça ne veut pas dire qu’ils mettront en place les choses de la même façon et qu’ils réagiront de la même façon aux difficultés qui pourraient arriver. Et c'est important à prendre en compte. Aujourd’hui, pour RSA, oui on prévoit de se rapprocher d'autres partis, maintenant on n’a pas encore défini la façon dans laquelle on le fera et sur quoi ça aboutira. Et pour vous donner un petit inside, pour la mairie sud on avait aussi parlé d’une potentielle liste commune entre RSA et un autre parti. Ça ne s'est finalement pas fait car de notre côté nous n’avions personne qui pouvait y aller mais c’est clairement quelque chose qui s’est déjà réfléchi. Cependant, on ne se regroupera pas non plus avec n’importe qui. On souhaite choisir les partis avec lesquels on veut se rapprocher, ce qui prime c’est la vision de ce que l’on veut faire et on veut se rapprocher des partis qui auraient la même vision. On ne souhaite pas se réunir avec tous les petits partis non plus. L’idée n’est pas forcément de faire un parti “contre-ASAP”, qu’on entend beaucoup, avec le nombre contre le nombre. L’idée c’est de faire un parti qualitatif, et pas basé sur “on veut en mettre sur la gueule d’ASAP” ce qui n’est personnellement pas mon cas.”

-Bryan Blake-Henley, président du parti RSA 

"Nous commençons tout petit. Cependant, nous avons besoin de tous, anciens comme nouveaux, pour faire évoluer les choses. Actuellement, il n'y a pas eu de réunion de fond inter-partis pour discuter de réformes, comme celles concernant les campagnes politiques, par exemple. Le parti Progrès est prêt à travailler avec tous, tant que l'intérêt commun est au centre des préoccupations. Parler de former une coalition contre un parti, c'est penser en termes d'opposition plutôt qu'en termes de coopération. Concernant une opposition politique, oui, nous sommes pour une opposition saine qui fait avancer les choses."

-Karl Droit, président du parti Progrès

“Ayant repris le parti il n’y a pas longtemps, et BAT de manière générale étant jeune, ce n'est pas sur une durée si courte qu’on va décider de faire une fusion. Il est trop tôt pour décider qu’on est majoritairement d’accord avec les autres. Pour une coalition avec un but commun, nous y réfléchissons pour le moment chacun de notre côté. Nous avons constaté à la fois avec la cour de justice, et avec l'élection face à Progrès qu'on se ressemble sur énormément de points. Dans l'idée nous n'avons aucun problème à travailler ensemble sur certains sujets. Mais il est trop tôt pour se dire qu'on est totalement compatible sur les points principaux. Cependant il ne serait pas surprenant de voir à l'avenir des listes communes.”

-Neige Burn-Miara, présidente du parti BAT

“Déjà le terme de “coalition” je ne l’aime pas, sincèrement. Pourquoi il y a des partis différents ? Parce qu’il y a des idées et des valeurs différentes. Après nous on a travaillé avec RSA au gouvernement avec Bryan Blake. On a discuté et travaillé avec des membres de BAT aussi. On peut avoir différents partis, ça n’empêche pas de discuter ensemble, mais la pluralité de partis existe car il y a pluralité d'idées et de valeurs. Que plusieurs partis soient créés ça n’enlève pas forcément leur légitimité. Notre parti est concerné par cette question car il a été créé rapidement, mais il correspond à des valeurs qui nous tiennent vraiment à cœur et qui font que, pour moi, je ne me voyais pas être ou fonctionner dans un autre parti. La question est qu’il faudrait s’opposer à ASAP, on va dire les mots. Ce n’est personnellement pas mon but dans la vie. Pour moi, la politique ne doit pas se faire dans l’idée de s’opposer à quelque chose, elle doit se faire pour soutenir des valeurs. Dire qu’on se réunit pour être plus nombreux, je comprends l’idée qu’il y a derrière mais si c’est pour se réunir uniquement pour avoir plus de force de frappe, alors ce ne sont pas mes valeurs. Cependant, ça n’empêche pas de travailler ensemble même en venant de partis différents. Ça peut paraître être une réponse un peu consensuelle, mais c’est ma façon de penser et de travailler et je pense qu’on l’a prouvé. On a nos valeurs et notre vision, on peut travailler avec d’autres mais ça ne veut pas dire qu’on partage toutes leurs idées. Et je pense que c’est important aussi d’avoir des partis différents avec des valeurs différentes, ça donne du choix aux gens.”

-Mila Johnson, présidente du parti MAAT

"Ce qu'on pense au niveau d’ASAP c'est qu’un parti doit avoir des idées donc si des partis veulent se regrouper ensemble pour défendre des idées communes, c’est une très bonne idée. Car c'est à ça que servent les partis, défendre des idées. Si  c’est juste pour gagner des élections, ça ne sert à rien."

-Nic Parnas, président du parti ASAP

L'Indépendant remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont pris du temps pour partager leur avis via le SONDAGE D'OPINION ainsi que toutes les personnes interviewées dans le cadre de cet article.

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